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déc

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Le quatrième mur de Sorj Chalandon

Par Maxence L. 2F

« Entre l’ombre de la guerre et la lumière de l’espoir », Sorj Chalandon nous propose un roman qui, après une lecture attentive, ne vous laissera pas indemne.
Auteur né en 1950 à Tunis, il rentre en tant que journaliste au quotidien « Libération » en 1973. Puis c’est après la fin de sa carrière en tant que journaliste de guerre qu’il quitte celui-ci en 2007. Il devient journaliste au « Canard enchainé » en 2009. Il a réalisé plusieurs reportages pour la télévision pendant toute sa carrière tout en enchainant les romans et les prix. C’est en 2013 qu’il obtient à Rennes le prix Goncourt des lycéens pour son roman Le quatrième Mur.
Tout commence au Nord du Liban en octobre 1983. Georges, un ami de Samuel Akounis, est dans un taxi et va pour la première fois frôler la mort. Dans cette histoire, tout part de l’utopie du réalisateur Samuel Akounis. Dans le pays en guerre, il rêve de faire jouer Antigone de Jean Anouilh par des acteurs qui sont ennemis, afin de réaliser une trêve de quelques heures, sans violence ni armes. Mais avant de partir, Samuel Akounis tombe malade et va mourir. Il demande donc à son ami Georges de réaliser son rêve.

Tout au long de l’ouvrage, mêlant violence et espoir, l’écrivain nous fait part de la violence de la guerre avec beaucoup de précision. Le lecteur connait donc bien ce que ressent le personnage, comme dans le passage suivant : « L’obus avait frappé, je me suis jeté dans la fosse au moment du fracas. Mon ventre entier est remonté dans ma gorge. J’ai hurlé ma peur, poing fermé ; oreilles sanglantes« . Le personnage découvre, en même temps que le lecteur, l’horreur des armes et de la guerre en général, avec des réalités, des détails très précis : « Quand les obus tombent, ouvre la bouche m’avait dit mon ami la première fois. Si tu ne décompresses pas, tes tympans explosent« .

Le quatrième mur est à mes yeux le meilleur roman sur la guerre que j’ai pu lire. On imagine bien la peur et les doutes du personnages notamment grâce à une violence particulièrement bien décrite. Le roman fait réfléchir à l’impact extrêmement néfaste de la guerre. Georges passe d’une vie dans un pays en paix à une vie dans un pays en guerre. On le constate lorsque Georges revient à Paris et revoit sa famille : il est déstabilisé et a un comportement très étrange et agressif envers sa femme et sa fille. La guerre l’a traumatisé physiquement et mentalement. Plus généralement, ce roman est une grande réussite dans la description des séquelles psychologiques et morales que peuvent entrainer toutes les guerres. Pour finir, le roman nous laisse avec la morale suivante incarnée par le vieillard rencontré par Georges à la fin du livre : le seul moyen de sortir vraiment de la guerre, c’est de mourir.

Maxence L.

Sorj Chalandon est un écrivain, reporter de guerre, membre de la presse judiciaire, journaliste et rédacteur en chef adjoint du quotidien Libération. Le quatrième mur est son avant-dernier roman. Il est sorti le 23 août 2013 et a obtenu le prix Goncourt des lycéens.

L’auteur commence son roman avec cette phrase :  » Je suis tombé. Je me suis relevé. Je suis entré dans le garage titubant dans les gravas « . Cette phrase nous fait rentrer directement dans le vif du sujet, la Guerre.

L’essentiel du roman se déroule à Beyrouth, au Liban. Le roman est une sorte de réflexion sur la Guerre. Il nous montre à quel point les combats, les armes, le sang vu au quotidien, la guerre peuvent changer l’attitude d’un homme pendant un très long moment, même une vie.

A travers ce roman, nous suivons la vie de Georges, ses périples. Son ami Samuel Akounis avait comme projet de mettre en scène Antigone d’Anouilh avec des acteurs, ennemis de guerre. Atteint d’un cancer, il confie cette mission à son ami, son frère, Georges. Celui-ci se rend directement à Beyrouth pour faire la connaissance des acteurs mais ce voyage vire au drame. La plupart des acteurs se font assassiner, Georges les voit morts face à lui. Cet évènement le traumatise. A son retour, ce n’est plus le même ni avec Louise, sa fille, ni avec Aurore, sa femme. La violence le ronge. Il retourne alors à Beyrouth, un retour de trop.

Ce roman est une Å“uvre bouleversante. Chapitre après chapitre, nous ressentons diverses émotions. Le milieu de la guerre est très cruel. Les hommes en guerre n’ont pas les mêmes préoccupations que ceux en paix. L’auteur cherche à nous provoquer pendant notre lecture, avec l’emploi de mots et de phrases très violents. En lisant ce livre, nous nous rendons compte que le sujet de la guerre est très difficile à aborder. Sorj Chalandon a fait un travail éprouvant en écrivant ce roman.

Ayoub

Le quatrième mur est un roman écrit par Sorj Chalandon. Georges est un étudiant à la Sorbonne, militant d’extrême gauche et défenseur de la cause des Palestiniens. Il fait de chaque combat politique une affaire personnelle jusqu’au jour où il rencontre Samuel Akounis, un grec juif réfugié, un grand homme. L’histoire se base sur une promesse faite à Sam. Une promesse qu’on pourrait qualifier d’inconsciente, d’irréfléchie mais qui est, au contraire, belle et pleine de sens. Dès la première page du livre, nous nous sentons immédiatement dans la peau du personnage : « Je suis tombé. Je me suis relevé » De plus, on ressent rapidement la violence de la guerre : « Je recracherais le plâtre qui me brûlait les yeux, les mains sur les oreilles. » Georges se retrouve dans la tragique guerre du Liban en quittant sa famille et en acceptant, à l’approche de la mort de son ami, la mission de monter la pièce Antigone, au centre de la guerre. C’est alors que Georges part dans une aventure effroyable. Il connaît la révolte et non la guerre, il rentre dans un conflit dans lequel l’humain et la raison ont disparu, tandis que le sang et l’horreur sont apparus.

Du premier au dernier mot, Sorj Chalandon nous accompagne dans une aventure inédite. Il utilise des mots poignants et précis pour nous faire ressentir la guerre et notamment les émotions qui en surgissent. L’histoire nous émeut particulièrement ; on ne s’arrête pas de lire, on veut toujours aller plus loin et saisir l’importance et l’enjeu de cette promesse.

Dans un premier temps, le contexte de la guerre est évoqué dans ce livre. Sorj Chalandon a inscrit pour premier chapitre une scène de combat qui se déroule plus tard dans l’histoire, ce qui permet de faire rentrer le lecteur directement dans le roman. Mais, c’est par la suite que nous découvrons l’intrigue et le défi de Georges, dans lequel l’auteur nous emmènera avec une extraordinaire façon d’écrire.

Georges arrive au cÅ“ur du conflit du Liban en voulant faire la justice et gagner la liberté. Malheureusement pour lui, la révolte qu’il connaissait ne vaut pas l’effrayant quotidien d’insécurité, de violence et de terreur de cet État. C’est une expérience que Georges ne pourra évidemment pas oublier. Chalandon met en avant le déséquilibre, le malaise et les troubles de l’être humain en de pareils événements : une considérable violence qui reste en nous suite à une telle expérience. L’auteur particularise un fait que je n’avais jamais eu encore l’occasion de rencontrer dans un livre : Georges ne peut plus vivre sans la guerre. Il se lie d’affection pour celle-ci. Nous le comprenons à travers des descriptions poétiques.

L’intrigue se base autour de la promesse : monter en scène l’Antigone de Anouilh. Cette tâche devient symbolique pour tout participant à cette pièce. Chacun, en choisissant les répliques, donne indirectement sa pensée et son rôle par rapport à la guerre. Après s’être entretués, violentés, ils finissent par se retrouver au même endroit pour s’approprier l’œuvre et la dévoiler, formant alors des scènes fortes en émotions. Sorj Chalandon nous montre donc, grâce à la pièce de théâtre de Jean Anouilh, que même à la guerre, l’art a sa place.

Non seulement ce roman dénonce la guerre mais il témoigne aussi également sur les humains qui veulent la paix ; des hommes rêvant de la sagesse et de la tranquillité. Ici, Georges s’engouffre en plein conflit dans le but de raisonner les combattants. On se retrouve dans un contexte terrifiant avec pour but une bravade, qui nous intrigue jusqu’au bout du livre. De plus, la vision que nous communique l’auteur est incroyable. Nombreux sont les livres que j’ai lu sur la guerre. Chacun témoignait, montrait, accentuait des détails de la guerre en elle-même mais jamais je n’ai ressenti l’idée d’une sublime tragédie. Le quatrième mur est un roman poignant, émouvant et stupéfiant. Son titre, lui-même, se lie entièrement avec l’histoire.

Le quatrième mur est en effet au théâtre le mur invisible qui sépare les acteurs des spectateurs. On comprend bien que George se forge son mur pour se protéger de la guerre. Un mur qu’il brisera par sa mort. La possibilité d’une idée si folle et pourtant si belle est inexistante même si on veut y croire jusqu’au bout. Ce titre désigne le mur invisible que franchit Georges pour mourir : « Il a traversé le quatrième mur, celui qui protège les vivants.»

Ce roman m’a beaucoup plu puisqu’il retrace la guerre à travers une histoire profonde. Je me suis éprise des scènes touchantes et de la vision qu’apporte ce livre sur la guerre.

Léa

Sorj Chalandon, dans ce roman, nous décrit l’histoire de Georges, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui, par fidélité amicale, va risquer sa vie. Le livre commence dans un univers de guerre. Les personnages sont attaqués par un char. Un homme meurt, l’autre est gravement blessé. L’histoire fait alors un bond en arrière, nous explique comment l’homme blessé, Georges, en est arrivé là. Celui-ci tient à honorer la promesse qu’il a faite à son ami presque défunt, Samuel. « Son idée était belle et folle. » Le mourant demande à son meilleur ami de réaliser le projet qu’il devait accomplir avant qu’un cancer ne le terrasse : monter une pièce de théâtre, Antigone, au Liban. Le but étant de rassembler une personne de chaque camp de cette guerre pour faire une trêve théâtrale. Georges ressort changé de cette expérience. Il a vu la mort et l’a côtoyée. Avec lui, notre vision évolue.

Ce roman joue avec nos émotions. Nos sentiments, nos impressions évoluent en même temps que celles des protagonistes. On ressent le bonheur de Georges lorsque sa fille naît, et sa détresse lorsqu’il se trouve à Beyrouth. On compatit avec lui lorsque, désorienté, il ne trouve plus sa place nulle part. On se met à sa place, et se demande qu’elles auraient été nos réactions par rapport à tous les événements auxquels il a été confronté. On perçoit également le désarroi de la femme de Georges lorsqu’il revient changé de son voyage. Chalandon décrit la guerre telle quelle, pas comme un combat décrit d’un seul point de vue. On y voit les malheurs qui touchent les populations de tous les camps. L’horreur de la guerre y est montrée de manière crue, parfois peut-être trop :

« - Il s’appelait Maroun. C’était notre ange. Il a été égorgé.

Je regardais l’aiguille, la laine. Je me suis demandé si les autres viendraient.

- Il était dans les Forces Libanaises ?

Simone a levé son aiguille et secoué la tête.

- Il avait dix-huit mois, monsieur Georges ».

Ça a été dur pour moi de me détacher de l’histoire et de me dire que c’était seulement fictif. Les faits racontés sont véritablement poignants. Ce livre est, au-delà d’un roman, un témoignage. Effectivement, Sorj Chalandon avant d’être écrivain est journaliste. Il a notamment travaillé au journal Libération. Grâce à son travail dans ce quotidien, il remporte le Prix Albert-Londres en 1988. On ressent son côté journaliste dans ce livre. La manière dont il décrit la guerre est prenante, comme si tout ce qui était dépeint était réellement arrivé.

Tout ce que croyait savoir Georges s’est effondré au Liban. Ses opinions politiques semblent ridicules par rapport à la réelle souffrance que les peuples en guerre subissent. La paix française en vient même à le dégoûter. Il comprend et nous fait comprendre que les Français, que tous les habitants des pays qui ne sont pas en guerre ne se préoccupent que de problèmes dérisoires : « J’avais hurlé qu’ailleurs, dans des berceaux, des bébés avaient eu la gorge tranchée. Que des enfants avaient été hachés, dépecés, démembrés, écrasés à coups de pierre. Et ma fille pleurait pour une putain de glace ? C’était ça, son drame ? Une boule au chocolat tombée d’un cornet de biscuit ? ». Il ne supporte pas ça. Il ne se sent plus à sa place dans un pays où les problèmes majeurs ne sont ridiculement pas importants. Alors je comprends que c’est la vérité. Cette histoire est censée se dérouler en 1983/84 mais les faits sont encore d’actualité. La guerre n’est plus la même mais les souffrances restent inchangées. Nous, loin du conflit, nous nous obstinons à voir seulement les détails inutiles qui nous entourent. Je pense donc que ce livre nous pousse à nous poser des questions sur nous-mêmes. A relativiser et à comprendre que nous sommes chanceux.

Eliléa

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