L’enfant grec
« J’aimerais garder un souvenir de ces jours un peu longs et un peu tristes. » C’est ainsi que commence le vrai-faux roman autobiographique de Vassilis Alexakis , L’enfant grec . Auteur né en 1943 à Athènes, il s’installe à Paris en 1968 mais ne cesse de partager sa vie entre la France et son pays d’origine, la Grèce. Romancier, cinéaste et journaliste, il est l’auteur de plus d’une quinzaine d’ouvrages, dont notamment Le Sandwich, La Tête du chat , Paris-Athènes… Attaché à sa terre natale, l’auteur crée un pont entre deux cultures avec cet ouvrage, sélectionné pour le Goncourt. « Le Jardin du Luxembourg est devenu mon nouveau pays » écrit-il dans les premières pages du roman.
Tout commence à la suite d’une opération, le héros quitte son studio du 15ème arrondissement, sans ascenseur, pour s’installer dans un hôtel près du Jardin du Luxembourg. C’est ici qu’il va vagabonder avec ses béquilles, mais aussi bien dans sa mémoire qu’à travers son parcours d’écrivain. Il nous fait voyager du minuscule jardin de son enfance à Athènes jusqu’aux égouts et carrières souterraines du Luxembourg.
Tout au long de cet ouvrage, mêlant réel et fiction, l’écrivain nous fait part de ses pensées et de ses sentiments, le lecteur connait donc parfaitement sa vie, de ses enfants à son parcours en tant qu’Athénien : «Depuis que je vais mieux, mes relations avec mon fils ainé qui est installé à Athènes sont redevenues compliquées.», nous dévoile l’auteur. Le personnage découvre, en même temps que le lecteur, ce lieu chargé d’histoire et de personnes diverses et inattendues. Toutes proviennent pourtant de milieux sociaux différents comme un sans-domicile fixe, la dame pipi du jardin avec qui il sympathise ou encore une marionnettiste possédant un théâtre de Guignol dans lequel les marionnettes semblent prendre vie : «Trois poupées m’attendent sur le canapé […] Elles possèdent de jolies petites mains attachées aux manches de leur vêtements. Leur visage est parfaitement formé et peint. » Il rencontre également des personnages de fiction connus des romans classiques, français et étrangers de son enfance comme Jean Valjean, Cosette, Tarzan, Robin des bois, Zorro ou encore Oliver Twist:« Je ne ressemble guère aux héros de mon enfance qui n’avaient peur de rien et dont le courage était stimulé par leurs déconvenues mêmes. » confie-t-il au lecteur. Alexakis part, dès qu’il le peut, vers son imaginaire où l’on se plaît à le suivre. En refermant ce récit contemporain dans lequel la littérature est constamment présente, le lecteur a envie à son tour de replonger dans les classiques qui ont bercé sa jeunesse.
« Alors il lève l’arme et tire sur la fenêtre qu’il fait voler en éclats pour mieux entendre leurs cris. » Avec quelques pointes d’auto-dérision, et le souci de l’avenir, le personnage d’Alexakis fait de son roman, léger et poétique, une arme pacifique pour parler de la situation de son pays d’origine, qu’il aborde à maintes reprises.
Pauline